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Licenciée au club ASPTT Bar Le Duc, Laure GARENNE* vit désormais en Savoie où elle allie ses deux passions : La Montagne et la course à Pied. très régulièrement, elle nous fait part de ses expériences.....

 

Dimanche 29 Septembre 2013: Dernier trail de la saison : Le trail des Aiguilles Rouges (51km et 4200m+)

 

 

 

Dimanche 29 septembre 2013, 4h30 départ du trail des Aiguilles Rouges sur la place du triangle de l’Amitié. Il ne fait pas froid. Le foehn souffle et je démarre avec un corsaire et juste des manchettes avec le T-shirt et un coupe-vent (j’ai toujours peur d’avoir froid).

Un peu d’appréhension, car je n’ai pas beaucoup couru depuis ma déception de l’UTMB et j’ai de la fatigue emmagasinée avec les week-ends précédents (deux mariages). Nous prenons le même chemin que pour l’UTMB dans les rues de Chamonix puis on passe devant le site d’escalade des Gaillands. J’ai l’impression de me retrouver il y a un mois.

 

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 La montée débutera rapidement dans les bois dès les 200 premiers mètres de dénivelé, ça chauffe déjà et je suis obligée de m’arrêter pour enlever mon coupe-vent. Je me fais bien sûr doubler par des dizaines de coureurs et je ne serai donc pas dans mon rythme de montée pour la suite (impossible de doubler tout le monde sur ce sentier monotrace). Ce n’est pas grave, j’avais décidé de démarrer doucement car je ne suis pas sûr d’aller au bout avec cette fatigue. Finalement la fatigue se dissipera vite et à partir du premier ravitaillement, surtout dans la montée sur l’aiguillette des Houches je double des paquets de coureurs. Je pointe en 483ème position au premier ravitaillement (sur 643 coureurs). Vite, un verre de coca coupé avec de l’eau, quelques fruits secs et un carré de chocolat et je repars vite.

 Le vent chaud souffle! Dans la montée de l’Aiguillette des Houches,  d’abord dans les bois puis au milieu des rhododendrons, magnifique point de vue et levé de soleil sur le Mont-Blanc et le massif des Aravis. J’en prends plein les yeux et me régale.

 

                                                                                                                 La montée vers l’Aiguillette des Houches

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                        Vue sur le Mont-Blanc                                

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                                      Levé de soleil sur les Aravis

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Du coup,  je ne regarde pas où je mets les pieds et boum par terre. Arrivée à l’Aiguillette des Houches, petit pointage (Je suis 417ème, j’ai déjà parcouru  16,7km et 1935m de dénivelé), fin de la première grosse montée et je me dégourdis les jambes en trottinant sur du plat, faux-plat montant/descendant en direction du Brévent. On le voit au loin, minuscule. Je sais qu’il faut être vigilante car le sentier est gras et technique. Donc si je regarde le paysage c’est arrêtée ! Je continue ma remontée dans les places. La montée au Brévent est cassante avec des relances, des marches à monter… Deuxième ravito, je m’arrête pour prendre une soupe, pour manger un peu, quelques photos et je me dépêche de repartir (j’ai doublé quelques femmes dans la montée, je n’ai pas envie qu’elles me redoublent.  Je m’étais dit que ce seraiy un trail plaisir mais comme les sensations sont bonnes, l’esprit de compétition reprend le dessus). 372ème, je continue ma remontée de place.

 

La vue pendant le ravito. Le soleil brille sur le Mont-Blanc et l’Aiguille du midi (tout à gauche)

 

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 Descente du Brévent par des échelles et un sentier avec pleins de cailloux et pierres (gare à la cheville) puis un sentier raide sur Planpraz. On voit la station de ski en bas de la descente. Je fais doucement, même si j’ai en ligne de mire une féminine. Finalement, elle descend moins vite que moi et la rattrape au milieu de la descente. Planpraz, pointage (331ème, 23km et 2350m+. Cela fait 5h que je cours). La partie suivante, je ne la connais pas et je vais avoir des surprises. Je connais juste le profil de la course mais je n’arrive pas à situer l’Index (prochain ravito).

 

Au loin, Planpraz. Je suis direction pour le col Cornu.

 

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Une grande et longue montée va nous conduire jusqu’au col Cornu, je vais lâcher une place féminine. Obligé de m’arrêter avant d’attaquer la descente du col Cornu car j’ai une grosse fringale (mes jambes flageolent) et je ne peux pas manger en courant car le terrain est trop technique, j’ai besoin de regarder où je mets les pieds si je ne veux pas me faire une cheville.

 

En montant vers le col Cornu, un sentier comme j’adore.

 

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                                                                  Le lac Cornu

Donc petit arrêt pour engloutir une compote, du pain d’épice, une barre. Une fois ravitaillée, passage des câbles et descente raide puis traversée pour rejoindre le col des la Glière, de là une nouvelle montée et une nouvelle fringale qui va me faire perdre à nouveau une place. J’arrive enfin à l’Index pour le 3ème ravito, je prends mon temps pour bien manger et boire, j’aimerai ne plus avoir de fringale. Je pointe à la 311ème place. J’ai fait un peu plus de la moitié du parcours en km et bien plus en dénivelé (28,7km et 2973m+).

 

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Arrivée au ravito de l’Index avec vue sur l’Aiguille verte

 

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En direction du col de la Glière, on devine le sentier qui traverse le pierrier

 

Je démarre doucement pour avoir le temps de digérer un peu tout ce que je viens de manger, le prochain ravito est au 35ème km mais par contre une longue descente m’attend. Tout d’abord une petite descente puis une traversée en direction du lac blanc (paysage magnifique avec en face la mer de glace, l’aiguille verte, les Aiguilles de Chamonix…) puis ensuite descente en direction d’Argentière. Deux fois ma cheville me rappellera à l’ordre (je dois commencer à fatiguer) donc je vais assurer ma descente pour ne pas me blesser. Tant pis, je me fais doubler par une dizaine de coureurs.  Jusque maintenant ma cheville a bien tenu ce serai dommage que ma course se termine là. Pas un troisième abandon dans la saison !!

 

La descente sera donc longue jusque  Argentière, j’arrive au ravito et grosse surprise mon chéri, Benjamin, qui courait le petit tour des Aiguilles Rouges et qui a fini depuis belle lurette est venu me voir. Je suis 294ème et j’ai déjà couru 8h02. Cool, ça me remonte bien le moral car je commence à avoir mal aux jambes. Je me ravitaille rapidement et repars en direction du village du Tour avec Benjamin qui court à mes côtés les  premiers mètres. Je dois aller chercher les  femmes qui m’ont doublée dans la descente. J’en doublerai une dans la montée et faux plat montant avant le village du Tour. Benjamin me retrouve là, et court avec moi dans le village, des amis sont aussi là (grosse surprise !). Je suis bien contente de les voir mais ne m’arrête pas, je ne veux plus perdre de place.

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J’arrive au village du Tour

 

Dernière montée, l’Aiguillette des Posettes, il reste 700m de dénivelé environ et après plus que de la descente. Je doublerai la deuxième femme en début de montée puis m’accroche pour ne pas perdre ma place, re-fringale en milieu de montée, je m’alimente puis je mets le turbo et double une autre femme, j’accélère encore jusqu’en haut.

 

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Maintenant descente sur le col des Posettes, puis sur Vallorcine, descente technique, boueuse par endroit. Je fais gaffe mais accélère tout ce que je peux, je ne veux pas me faire rattraper par mes poursuivantes. Dans le champ juste avant l’arrivée, Ben est venu m’attendre et m’encourager, des copains sont là aussi pour les encouragements et photos. Je crie à Benjamin « Y a pas de femmes derrière moi ?! » mais il ne me répondra pas  donc j’accélère encore et je finis au sprint à l’arrivée. J’ai réussi à boucler mon dernier trail de la saison. 

Je termine 253ème sur 643 participants. Je suis 12ème séniore (sur 31) et 24ème femme (sur 68). Mon objectif de 10h30 est un peu dépassé puisque je termine en 10h52 mais je suis déjà très contente car je n’ai jamais couru un trail aussi dur techniquement. Un trail également magnifique avec un parcours qui me convient car un gros rapport dénivelé/distance. Je suis contente aussi de ce temps car il y a 4 ans, je l’avais déjà couru (pas tout à fait le même parcours, il était plus facile techniquement et il faisait 1200m de dénivelé en moins) et j’avais mis 11h19 donc je suis contente de voir ma progression  après un an de coupure totale. Une saison de reprise, bien chargée où je suis satisfaite de mes résultats, malgré quelques échecs et déceptions. Tout ça grâce à Michel, qui a su me donner les bons plans d’entraînement, à me raisonner quand j’en faisais de trop et grâce à ma famille et amis également.

 

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Dimanche 30 Août 2013 - UTMB (Ultra-trail du Mont-Blanc), 168km et 9600m+

Vendredi 30 août 2013, 12h à table pour une bonne assiette de riz et une cuisse de poulet grillé, un yaourt et une compote. Le sac est prêt depuis deux jours (même si je défais des affaires, refais le sac une bonne dizaine de fois).

14h, c’est le départ pour Chamonix. Mes parents sont là ainsi que Benjamin mon chéri. Je suis vraiment contente d’avoir tout ce petit monde autour de moi, contente de partager ce départ avec eux.

Je retrouve à Chamonix, Philippe, mon partenaire de course de la TDS d’il y a deux ans. Nous prendrons le départ ensemble avec Alain et Gilbert, deux copains de course. Je dépose au gymnase mon sac jaune avec mes affaires qui seront acheminées à Courmayeur, en Italie et après on se dirige lentement dans les rues de Chamonix vers la ligne de départ. Une dernière photo de groupe avant de dire au revoir aux proches et d’aller sur la ligne de départ.

15h30, sur la ligne de départ, je suis écrasée entre les trailers. Une heure à attendre en plein soleil (il fait très chaud), debout, à ne pas bouger. Je n’aurai jamais pensé avoir autant de monde déjà à une heure du départ.

Vers 16h, le speaker commence à échauffer la foule et la musique va bon train.

16h30, le décompte puis la musique de Vangelis qui donne des frissons, une petite larme à l’œil et c’est le moment de partir à l’aventure. Un peu de questions (sur la deuxième nuit, c’est l’inconnu pour moi, vais-je réussir à aller au bout ?), beaucoup d’envie, d’excitation. Je sais que je suis prête physiquement (je me suis entraînée en montagne, à ski, en course à pied depuis 10 mois. J’ai mon poids de forme), mentalement (je suis prête depuis quelques mois déjà. Je sais que ce ne sera pas tout rose, qu’il y aura des moments de moins bien, des moments de fatigue, des moments où j’aurai certainement mal à l’estomac, envie de dormir, mal aux jambes, mal partout. Je suis prête aussi à affronter les deux nuits qui m’attendent). Je suis vraiment contente car cette année les conditions météo sont top, il annonce beau et chaud tout le week-end, les nuits devraient être fraiches mais j’ai prévu des affaires de rechange et des affaires chaudes.

 

 

Ça y est je passe l’arche de départ en marchant et ensuite je pars en trottinant dans les rues de Chamonix. La foule est bien présente, les gens applaudissent (pourquoi, c’est seulement le départ, vous nous direz bravo quand on reviendra à Chamonix !). Nous sommes nombreux et je n’arrive même pas à voir mes proches dans les rues de Chamonix. Les rues de Chamonix défilent en trottinant avant d’attaquer la partie dans la forêt des Gaillands. Le chemin est assez large et roulant (avec quelques faux plats). Ça démarre rapidement mais je ne me suis pas laissée entraîner par les encouragements et le mouvement de foule des coureurs. Je me dis que la route est encore bien longue et donc je me laisse doubler par les coureurs. Dans les bois, je m’aperçois que je ne vois pas très bien, mince j’ai oublié de mettre mes lentilles de contact. Super ! Que faire ? Deux petites minutes de panique. Heureusement j’avais une paire de lentille dans mon sac au cas où je ne supporte plus celle que je devais avoir sur les yeux. Je décide que je les mettrais au ravito de Saint Gervais.

Arrivée aux Houches après 8km de course et un premier petit ravitaillement. J’arrive en 55min, je suis bien en avance sur mon temps prévu (qui était de 1h15). L’ambiance aux Houches est super, beaucoup de gens qui applaudissent, les enfants qui tendent leurs mains, des cloches et sonnailles. Un petit verre de Coca et je repars pour une montée dans les Houches et ensuite vers le Col de Voza (itinéraire que je connais par cœur car pratiquée en toute saison). J’adore ce coin ! Après une partie sur la route pour rejoindre Maisonneuve, je croise Kilian Jornet qui est venu nous encourager. Je croise aussi Jean-Claude, un acolyte que j’avais rencontré lors de la TDS. Les allées du chemin pour arriver à Maisonneuve sont noires de monde, les gens sont le long du chemin et nous encourage. C’est géniale cette ambiance mais attention à ne pas se laisser entraîner et à vouloir doubler. Je m’applique à bien respirer, à faire attention à m’hydrater car il fait chaud.                                                          

 

En montant vers le col de Voza

 

 
 
J’appelle Benjamin qui devait être à Maisonneuve car je ne le vois pas. Finalement, ils ont choisi de m’attendre à Saint-Gervais car les routes sont bouchées par la course. Donc rendez-vous pris à Saint Gervais. Heureusement que les chemins sont larges, chemin de 4x4, car le peloton ne s’étire pas. Le massif du Mont-Blanc est un peu pris dans les nuages, on s’élève et on voit la vallée de Chamonix en bas.

 

                  Chamonix est déjà loin

 

Me voilà au col de Voza, encore une petite montée de 100m de dénivelée et ensuite du faux plat montant. Je m’arrête pour serrer mes baskets et je trottine un peu sur le faux plat pour arriver à la Charme, petit alpage au-dessus de Saint Gervais.

En contrebas, le col de Voza

 

 

 

Nous descendons ensuite par les pistes de ski, dré dans l’pentu ! C’est bien raide, je double du monde puis nous rejoignons les bois et enfin les rues dans Saint Gervais, un petit tour dans la rue principale, on entend le speaker, les cloches et nous avons beaucoup d’encouragements. J’arrive en 3h02 de course (j’ai 40min d’avance sur mon temps prévu), je suis 1426 sur 2469 partants. J’ai déjà parcouru 21km et 1052m de dénivelé ! Je vais super bien. J’ai la pêche, de super sensations. J’ai le moral. Je sais que c’est le début de la course qui est le plus dur pour moi car ce sont les portions où il faut le plus courir, relancer. Après Notre-Dame de la Gorge, on attaque la montagne pour de vrai et je serai dans mon élément.

Je remplis ma poche à eau et ensuite mange deux carrés de chocolat et un quartier d’orange. Je ne vois pas mes proches. Bon je vais me poser contre un poteau et je vais mettre mes lentilles et me préparer pour la nuit, en attendant. On m’appelle, Ah ! ma famille et des amis sont là : mon chéri, mes parents, la femme de Philippe, David et Céline, Samuel sont venus pour m’encourager. Ça fait chaud au cœur. Je discute en même temps que je me prépare à la nuit (manchette prête, lampe frontale sur la tête, lentille enfin mise, indispensable pour la nuit si je veux voir quelque chose). Annie la femme de Philippe m’apprend que Philippe est passé il y a deux minutes et a prévu de m’attendre au prochain ravitaillement pour que l’on court la nuit ensemble. Cool, je suis bien contente, au moins une des deux nuits à ne pas courir toute seule.

Je sors du stand de ravitaillement après un bisou à mon chéri, en courant dans les rues de Saint Gervais. Je suis confiante surtout que je sais que je ne serai pas seule pour la première nuit. Il fait encore jour pendant 45min. Mais nous attaquons une partie dans les bois, avec des faux plats, des petites montées, des portions de relance. 30min après le ravitaillement de Saint-Gervais, je commence à avoir mal au ventre (aux intestins puis à l’estomac). Je me dis que ça va passer, je fais doucement, je ralentis un peu le rythme. Mais ça ne passe pas, je me fais doubler par les coureurs, j’ai de plus en plus mal au ventre et je commence à avoir envie de vomir. Je serre les dents jusque Les Contamines. Il commence à faire nuit noire donc allumage de la frontale et je mets les manchettes pour ne pas attraper froid. Je me traîne, j’ai mal au ventre et ce n’est pas un mal de ventre habituel (après 5-7h de trail on peut être un peu brassé et avoir un petit passage digestif de1h-2h) mais là je sens que ce n’est pas comme d’habitude ! Je perds du temps, le temps gagné en début de course, je me fais doubler de tous les côtés. Je me dis que je vais certainement abandonner aux Contamines car je ne vois pas comment je vais pouvoir faire passer ce mal de ventre et surtout Philippe ne va certainement pas m’attendre car j’ai certainement plus de 2min de retard sur lui maintenant. . J’ai l’impression d’avoir une gastro, ça me tord le ventre.

Au loin, en contrebas, je vois les Contamines, enfin ! Arrivé au ravito, je vois Philippe qui est en train de remplir sa poche à eau au jet d’eau. Je suis vraiment très heureuse de le revoir, ça fait du bien. Il me dit que lui aussi a été incapable de manger et a eu aussi des nausées. Il va me pousser pour ne pas abandonner. Nous prenons notre temps au ravitaillement, rien que de sentir l’odeur de la soupe, cela me donne la nausée. Je vais essayer de boire un verre de coca (qui me fera du bien 15min) et manger quelques raisins secs et un carré de chocolat. J’enfile le collant, je mets la polaire, le coupe-vent, le bonnet, les gants et nous partons cette fois-ci pour la nuit dans la montagne. Nous partons tout doucement car mon estomac est bien ballonné, nous trottinons doucement dans les rues (j’ai presque envie de marcher).Cela fait 5h13 (j’ai 15min de retard sur mon planning) que nous courons. Je suis 1605/2469. Je connais la partie suivante pour l’avoir courue lors de la Montagnh’ard il y a un mois et demi et lors de la TDS dans l’autre sens. C’est un faux plat montant. Il va falloir courir jusque Notre-Dame de la Gorge. Aie aie aie, l’estomac qui m’a laissée tranquille pendant 15 min me fait à nouveau mal, je suis toujours nauséeuse. Nous y allons doucement et marchons de temps en temps en direction de la Gorge. Une petite pause toilette pour Philippe et moi je retire mon bonnet et gant, je me suis réchauffée. Nous arrivons à Notre dame de la Gorge, on entend l’ambiance au loin, les applaudissements. C’est magnifique l’embrasement du chemin des romains, avec des torches, les applaudissements des gens, les encouragements, c’est motivant. Je vois François et annez-Claire un couple d’amis. Juste une petite tape dans leur main et nous continuons notre chemin. La montée me fait du bien à l’estomac car il y a moins de chocs, de secousses mais je n’arrive toujours pas à manger. J’essaie un petit peu de gel, mais c’est dur à digérer, un peu de nougat, un peu de pâte de fruit. Rien ne passera. Je bois mon eau mais c’est pas ça qui va m’apporter de l’énergie. Après avoir passé le chemin des romains et les bois, on voit au loin toutes les lucioles devant qui monte en direction de la Balme (c’est loin !) et aussi encore plus haut en direction du col du Bonhomme.

 

Arrivée à la Balme, je m’aperçois que j’ai perdu mon gobelet pour me ravitailler, heureusement les bénévoles avaient quelques gobelets en plastique. Je bois un verre de coca coupé avec de l’eau, j’essaie de boire aussi une petite soupe qui passe difficilement (les pâtes non) et un petit bout de pain d’épice. Je prends un peu de réserve au cas où ça passe plus tard (chocolat, fromage dans mon petit sac de ravito). Il y a quelques coureurs qui sont mal en point, qui n’arrive pas non plus à s’alimenter. Après 10min de pause, nous attaquons la montée vers le col. Il était temps car nous commencions déjà à avoir froid. Au pointage, à la sortie du ravito, nous sommes 1583ème après 6h55 de course (j’ai gagné 5min sur mon temps). Nous sommes au 39ème km et 2151m de dénivelé. La montée sera interminable pour moi, je ne prends plus du tout de plaisir. J’ai envie de vomir, j’ai froid. Je commence à tituber légèrement sur le chemin, il y a du vent. Je n’arrive pas à manger, j’ai mal au ventre malgré que nous soyons en montée et qu’il n’y ait quasiment pas de secousse. Je n’arrive plus à parler tellement j’ai mal, je serre les dents, je m’accroche, je suis en pleine montagne donc je ne peux pas m’arrêter sur le bord du chemin. Je suis complètement barbouillée et j’ai l’estomac qui fait des bonds. Sur le chemin, je vois quelques coureurs qui ont des problèmes de digestion comme moi, certains s’écarteront même du chemin pour vomir. Je prends la décision de voir le médecin au col du bonhomme pour essayer de prendre un cachet pour les nausées. Mais après une montée qui me paraîtra interminable, au col, il y a juste quelques bénévoles mais pas de tente de médecin. Bon et bien on descend sur les Chapieux. La traversée du col du Bonhomme au refuge de la croix du bonhomme est technique avec des pierres à enjamber. Je fais attention. Nous arrivons au refuge de la croix du bonhomme, je n’arrive plus à boire maintenant. Même la boisson ne passe plus, j’ai de plus en plus de nausées, l’estomac qui est complètement retourné. Ce n’est pas la vue de certains trailers qui vomissent sur le chemin qui vont m’aider à faire passer mes nausées !

Au refuge du col de la croix du bonhomme, il y a un médecin mais je décide de pousser jusqu’aux Chapieux car j’ai froid donc je veux me réchauffer et je sais que les Chapieux c’est dans pas longtemps (5km). Il est 1h12 du matin soit 8h44 de course au refuge. Je passe en 1542ème position et je suis pile dans mes temps. Mais cela m’importe peu car maintenant l’objectif c’est de faire passer ce mal de ventre car je ne tiendrai plus longtemps sans rien manger, ni boire. Donc mon objectif est d’arriver au village des Chapieux, de voir le médecin et la suite dépendra de mon état.

La descente jusqu’au village sera un calvaire, car avec les chocs en descente, mon mal de ventre s’empire, j’ai l’impression d’avoir plusieurs points dans l’estomac. Mon estomac est tout dur, il me fait horriblement mal. Je terminerai la descente en marchant car descente très technique, parce que j’ai trop mal au ventre et parce que 2h sans boire m’a provoqué un début de tendinite du releveur qui me fait mal dès que je pose le pied. Je termine donc en marchant. Malgré mon allure, Philippe veut rester avec moi jusqu’au ravito. Au loin, on voit les lumières des Chapieux, en s’approchant on entend la musique et on entend l’ambiance discothèque. Contrôle des sacs en arrivant qui ne sera pas utile car nous avons tout notre matériel sur nous, je vais dans la tente des médecins. Je dis au revoir à Philippe car je sens que pour moi c’est terminé. Les points dans l’estomac, les nausées et la tendinite auront certainement raison de moi ! Je ne me fais pas d’illusion. J’arrive aux Chapieux à 2h16 du matin (1h45 avant la barrière horaire) soit 9h48 de course, je suis 1589ème Je consulte le médecin qui me donne des antispasmodiques, des anti vomitifs. Mais cela ne fera pas effet sur ma digestion. Il n’y aura pas d’amélioration donc je décide d’abandonner. Après 49km et 2931m de dénivelé, mon UTMB est terminé !! J’avais envisagé beaucoup d’options et j’avais bien sur pensé à l’abandon lors de ma préparation. Mais je ne pensais pas aussi tôt et surtout pas dans ces conditions. Je suis forcément déçue mais aussi soulagée car je ne me voyais pas continuer dans ces conditions avec un mal aussi intense. Je l’avais senti depuis le début que cela ne passerait pas, ce n’était pas un mal de ventre dû à l’effort mais comme si j’avais une gastro. Je resterai donc dans la tente du médecin toute la fin de la course, j’assisterai à de nombreux abandons de trailers pour la plupart comme moi, qui n’arrivaient plus à s’alimenter. Certains avec les cachets repartiront, d’autres n’auront pas l’autorisation de partir car même avec les cachets n’arrivent pas à boire, ni à manger. Le médecin ne comprend pas ces problèmes digestifs car j’ai de l’expérience en trail (sur ces distances, 50km ce n’est que le début de la course), je n’ai jamais eu de gros problèmes digestifs au point de me faire abandonner. Au fur et à mesure de la nuit, le médecin pensera à un virus (de gastro ? dans un ravito ?) car 95% des trailers venu consulter auront les mêmes problèmes. Arrive l’heure de la barrière horaire 4h, je me dis que cette fois (même si j’ai rendu mon dossard) il n’y a plus d’espoir de repartir, ma course est belle et bien finie ! On me lève pour m’assoir avant de prendre le bus (avec un sac plastique au cas où mon estomac régurgite ce qu’il me reste dans le ventre depuis la Balme). 5min avant de prendre le bus, j’ai un mal de ventre encore plus intense, je sens que je vais vomir, j’ai des sueurs, je ne me sens pas bien puis… j’ouvre les yeux, allongés sur le banc. Je me suis évanouie, la douleur intense m’a provoqué un malaise vagal. Le médecin me gardera donc jusqu’au prochain bus de rapatriement à 5h. Là, il n’y a plus de regret d’avoir abandonné, qu’aurai-je fait si cela m’était arrivé en montant au col de la Seigne en pleine nuit ?

En montant dans le bus, les douleurs d’estomac me joueront de nouveau un mauvais tour. J’ai failli à nouveau tomber dans les pommes dans le bus. Je tremble malgré les deux couvertures de survie sur moi. Le trajet sur Courmayeur sera long, peu agréable car sinueux, avec des petites routes de montagne. Je suis fort déçue car il fait super beau, nous arrivons à Courmayeur à l’endroit de la base vie des coureurs, je les vois repartir en montagne. Je me sentais capable de terminer, je l’avais préparé cet UTMB mais malheureusement la digestion en a décidé autrement. Arrivée vers Courmayeur, je reçois bons nombres de sms de mes proches et amis pour m’encourager dans la course (sms que je n’ai pas reçu avant car il n’y avait pas de réseau). Lorsque j’ai abandonné, impossible de prévenir mon chéri car cela ne passait pas. J’ai reçu ensuite des sms aussi des proches qui commençait à s’inquiéter en voyant « arrêté » sur le site Internet. Ces coups de fil vont m’arracher encore quelques larmes de tristesse car je me sentais bien physiquement avant Saint-Gervais. J’avais le parcours dans ma tête, j’avais bien préparé mes ravitaillements, mes sacs à Courmayeur et celui à Trient que Benjamin m’apporterait. Le week-end sera un peu dur (samedi après-midi et dimanche) car dur de voir les copains continuer à courir en montagne, dur de les voir passer la ligne d’arrivée sans moi (mais contente pour eux et de partager ça avec eux!). Déçue aussi pour mes proches qui croyaient en moi, pour Benjamin qui m’a suivie toute l’année dans ma préparation, pour mes amis qui me suivaient à distance ou en direct.

Un grand merci à mon chéri Benjamin qui m’a soutenue toute  l’année, qui a cru en moi, à mes parents qui m’ont suivie pendant la course, aux amis qui sont venus me voir à Saint-Gervais (Samuel, David et Céline), à tout ceux qui m’ont envoyé des messages d’encouragement avant la course, de soutien pendant la course, qui se sont inquiétés quand il ne m’ont plus vue sur Internet (mon frère Alexandre, à Stéphanie et Jean-Alexis, à ma belle-mère Moon, à ma tata Dominique, à mon super entraîneur Michel et à sa femme ma babouche adorée, à Marine pour ses sms, à Aurélien et Amélie, à Déborah, Geneviève, Lionel, Marie-Laure, , à Ludivine à mes collègues), à Laurent cousin de Loire-Atlantique qui a suivi le course et qui demandé des nouvelles pendant la préparation, et à tout ceux que j’ai oublié !

Dimanche 25 août, 2013 J-5

 

Il ne me reste plus que 5 jours avant le départ de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB). Le plan de course est prêt pour moi-même et mes accompagnants (mon conjoint et mes parents). Le parcours est dans ma tête. Le sac est prêt.

Le parcours

L’UTMB fait 168km et 9600m de dénivelé positif et négatif. Le départ est donné le vendredi 30 août à 16h30 de l’église de Chamonix. Nous partons en direction des Houches pour environ 8km de plat descendant. Ensuite, nous partons sur un chemin 4x4 en direction du col de Voza avec une chouette vue sur le massif du Mont-Blanc, nous basculons sur Saint Gervais où un gros ravitaillement nous attend. Un sentier montant nous conduit aux Contamines, puis en fond de vallée jusque Notre Dame de la Gorge. La montée du sentier des romains devrait être illuminée par des torches, nous partons réellement en montagne à partir de ce point, en passant par les alpages de Nant Borrant et de la Balme, nous montons au col du Bonhomme puis traversons vers le refuge de la croix du Bonhomme. Nous descendons ensuite sur le village des Chapieux où un gros ravitaillement nous attend. C’est parti pour la montée au Col de la Seigne, frontière entre la France et l’Italie. Suit une descente sur le lac Combal et une petite remontée sur les arêtes du Mont Favre. Enfin, une longue descente nous conduit à Courmayeur où je récupérerai un sac avec mon ravitaillement personnel (gel, barre…) et des changes (t-shirt, chaussettes, polaire). Je ferai certainement une bonne pause avec peut-être une sieste (sauf si je suis en pleine forme).  Nous remontons ensuite pour le refuge Bertone, refuge Bonatti et descendons au refuge Arnuva, au pied du Grand col Ferret. La montée du Grand col Ferret marque la fin de notre passage en Italie, puisqu’en haut du col nous passons en Suisse, avec une longue descente de 19km environ pour arriver à Praz de Fort, juste avant Champex. Champex, gros ravitaillement et préparation pour la deuxième nuit. Une montée dans les alpages de Bovine et une descente sur le village de Trient, devrait me permettre de retrouver mes proches. S’ensuivra une montée à Catogne, montée assez raide (surtout pour la fin de la course) et une descente sur Vallorcine. Dernier gros point de ravitaillement avant l’arrivée (juste un ravitaillement liquide à la Flégère). Une dernière montée de 1000m de dénivelé de Vallorcine à la Tête aux vents en passant par le col des Montets, une traversée descendante sur la Flégère (domaine skiable de Chamonix) et une descente sur Chamonix terminera mon périple autour du Mont-Blanc. Voici le profil du parcours.

Le sac

Le sac est prêt pour la première partie de la course, avec le matériel obligatoire :

-         Une couverture de survie

-         2 lampes frontales avec des piles de rechange

-         Un sur- pantalon imperméable

-         Un collant

-         Un t-shirt manche longue type polaire

-         Des gants imperméables

-         Un bonnet

-         Une casquette

-         Une réserve alimentaire

-         Une réserve d’eau

-         Un sifflet

-         Un coupe-vent avec capuche

-         Un téléphone portable avec forfait international

-         Une bande élastique pour faire un strapping

-         Un gobelet plastique

J’ai ajouté à ce matériel obligatoire des pansements (type compeed), de la crème anti-frottement (Nok), mes granules homéopathiques pour les tendinites, des manchettes, une polaire sans manche, un appareil photo, le baladeur mp3. 

Le sac de ravitaillement à Courmayeur

Un sac sera déposé par l’organisation avec nos affaires personnelles, j’y ai mis des réserves alimentaires (ça évite de tout porter au départ), une paire de chaussette, un t-shirt technique, une polaire (s’il fait froid).

Mon conjoint me rejoindra sur Trient avec un sac pour la seconde nuit. J’ai prévu des réserves alimentaires, une paire de chaussette, une paire de baskets Hoka (avec plus d’amortie), un t-shirt, une polaire et un coupe-vent (s’il a plu durant la 2ème journée et que je suis mouillée), des pansements, des bandes de strapping, des gants, bonnets (si ceux du matériel obligatoire sont mouillés).

Cette année, l’assistance est prévue sur 5 points du parcours, seulement, afin qu’il y ait moins de foule aux ravitaillements et que l’on puisse s’asseoir et se ravitailler correctement. Certains accompagnants n’hésitent pas à venir à 5 et à s’asseoir à la place des coureurs ! L’assistance est autorisée aux Contamines, à Courmayeur, à Champex, à Trient et à Vallorcine. Un seul accompagnant a le droit de rentrer dans la tente de ravitaillement.

Comme chaque année, on peut suivre la course depuis chez soi, en cliquant sur le lien : http://utmb.livetrail.net/coureur.php

On peut donc voir à quel endroit est le coureur, à quelle heure il passera au prochain point de contrôle, son classement au scratch et dans sa catégorie, les statistiques de la course, la tête de course…

Maintenant, il ne me reste plus qu’à bien dormir, faire des siestes tous les jours, bien m’alimenter et m’hydrater. Je suis prête physiquement, je suis à mon poids de forme. Je suis prête mentalement depuis des mois, avec une grosse envie de finir cette course, de profiter de l’ambiance, des beaux paysages. Quelque soit le résultat, je peux déjà remercier mon conjoint, Benjamin, qui me soutient depuis la reprise de l’entraînement, qui va venir m’encourager et suivre sur Internet, mes proches et amis qui suivent également mes courses, Michel pour tous ses plans d’entraînement, ses conseils.

 Dimanche 28 juillet 2013, Trail du Tour des Fiz, 61km, 5000m+

A 5 semaines de l’UTMB, dernier trail de préparation, un trail d’entraînement. C’est-à-dire, une course pour enchaîner du dénivelé et des kilomètres, un trail que je ferais cool, sans me mettre dans le rouge.

Levé 2h30, petit déjeuner normal avec des tartines beurre-miel, un gros bol de thé et c’est parti pour 45min de trajet pour aller au départ de la course.

Le départ est donné à 5h du matin. Il fait nuit noire, le ciel est couvert et il y a des éclairs de chaleur. Je courais avec un copain, au moins pour le début du parcours, puisqu’il prépare aussi l’UTMB. Nous démarrons lentement, le sentier est roulant avec des petites bosses et descentes. Après la traversée d’une route, on atteint le Plateau d’Assy et nous attaquons la 1ère vraie montée de 600m environ pour aller jusqu’au refuge de Varan. Les sensations sont bonnes, arrivé au refuge (avec une belle vue sur le Mont-Blanc), petit ravitaillement eau, coca, quelques fruits secs et nous repartons pour une courte descente raide, une traversée et une seconde montée de 900m pour aller à Platé. La montée est raide, on passe dans une cheminée avec du schiste (point sympathique du parcours) et premier pointage au refuge. Nous pointons à la 85ème et 86ème place. Après un remplissage de poche à eau, de l’eau gazeuse, du chocolat, c’est reparti pour une petite montée de 300m, très raide. On voit le col de Portette avec tous les coureurs qui grimpent. Arrivé en haut, plein d’encouragements de spectateurs, de bénévoles. « 1ère femme à avoir le sourire, faites comme si c’était dur », me crie un bénévole. Je veux bien mais pour moi c’est un entraînement donc je profite du paysage, je peux parler. Ensuite descente du col (à 2300m) jusqu’à Sixt (800m d’altitude), une longue descente, technique avec des cailloux sur le chemin, des névés, des racines, une descente où il faut rester vigilant, avec une pause au refuge de Sales pour un petit ravitaillement. C’est long, il fait de plus en plus chaud au fur et à mesure que l’on descend (même s’il y a encore un peu d’air). On entend le speaker à Sixt, ça motive. Super de la soupe avec du vermicelle, j’en avale 2 bols (« pas trois, sinon il y en aura plus pour les autres », plaisante un bénévole). 2ème point de contrôle, nous sommes 75 et 76ème. Nous repartons pour 1100m de montée en direction du refuge du Grenairon. Il y a 3 ans, j’avais eu un coup de chaud dans la montée, je n’arrivais plus à m’alimenter, ni à boire. Suite à ça j’avais eu des crampes sur tout le reste de la course. Donc je fais attention à bien boire et de toute façon, je ne suis pas à fond donc je perds moins d’eau. Nous nous efforçons de parler durant la montée pour ne pas être dans le rouge. La montée est longue donc ça irait vite d’accélérer. Nous reprenons quelques coureurs dans la montée (coureurs que nous doublions depuis le début de la course en montée, eux nous doublaient en descente). Finalement, nous ne les reverrons plus de la course. Arrivé au Grenairon, chouette vue sur le Mont-Blanc et sur la suite du parcours (le vallon d’Anterne que nous ferons sur la fin de la course). Contrôle du sac, point de contrôle des dossards. Nous pointons 66 et 67ème. La descente vers le refuge des fonds devrait être plus cool car c’est un chemin de 4x4 mais finalement le sentier est tellement sec, que les cailloux glissent sous les chaussures, il ne faut pas relâcher l’attention. Je me tords la cheville sur la fin de la descente. Aïe, je dois continuer 1 ou 2 minutes en marchant puis en boitant légèrement. Au bout de 10min, ; c’est bon je peux recourir en faisant très attention. Il ne faudrait pas qu’elle reparte une deuxième fois. Après la descente, il faut courir sur un chemin de 4x4 vers le refuge des fonds. Il fait très chaud, je bois beaucoup mais j’ai vraiment chaud, pas d’ombre, on est à 1200m d’altitude. Au refuge, 1ère pause assise pour le ravitaillement. J’en ai besoin, j’ai eu chaud. Nous repartons pour la montée au petit col d’Anterne, sentier monotrace boisé, puis ensuite on sort des bois pour avoir une magnifique vue sur le Buet (culminant de la vallée du Giffre, 3100m). Nous faisons notre course, tranquillement, nous approchons d’un coureur qui accélère dès que l’on est prêt à le doubler ! Il commence à m’énerver, j’accélère une bonne fois pour toute pour le doubler. C’est la première fois de la course que je suis dans le rouge. Arrivé au col, descente vers le refuge Alfred Wills, ça va la cheville ne me fait pas mal. Arrivé au ravito, pointage (57-58ème ) et surprise 2 féminines (que je connais bien) sont là aussi. Elles repartent, nous nous dépêchons, je voudrais bien les doubler. Nous accélérons donc (2ème fois dans le rouge) pour doubler la première dans la montée au lac d’Anterne, elle nous redouble dans la descente vers le lac et nous la doublons dans la montée au Col d’Anterne. Nous prenons le temps de poser quand même pour le photographe !

Nous doublerons sa copine dans la descente du col en direction du refuge Moede Anterne. Très brève halte au refuge, je ne veux pas perdre ma place (l’esprit de compétition prend le dessus malgré que ce soit un entraînement). Il reste une bonne descente technique, puis une portion plate et une petite portion de montée. Nous sommes en forme car nous n’avons pas épuisé nos réserves par contre les 2 filles ont l’air moins fraîches que nous. Malheureusement, dans ma précipitation, je me tords à nouveau la cheville (la même). J’hurle et vois bien la fin de la course (abandonner à la fin de la course, il me reste 1h de course !!Grrrr). Je repars donc vers le refuge Moede Anterne pour abandonner et finalement la cheville à la marche ne me fait pas trop mal. Je décide donc de finir en marchant, surtout avec la descente qui nous attend. J’ai l’impression d’être une mamie ! J’avance à 2 à l’heure mais notre place est faite car seul 2 coureurs nous doublerons. Sur la portion plate et en montée, j’arrive à trottiner légèrement. Ouf, la saison n’est pas finie. Nous finissons avec Gilbert main dans la main après 11h49 de course, 57 et 58ème sur 201 coureurs(141 arrivants), 9ème sénior et 9ème femme au scratch sur 31 femme). Je mets 2heures de moins qu’il y a 3 ans pour le même parcours, en le faisant en entraînement et en me tordant la cheville (j’ai perdu une demi-heure à peu près à cause de cette cheville). Il aura fait bien chaud durant la course, j’aurai bû 13litres d’eau, eau gazeuse et soupe sur 11h50 de course. Nous sommes tous les 2 heureux d’avoir fait cet entraînement ensemble, d’avoir pû échanger sur nos pratiques d’entraînement et nos stratégies de course. J’ai encore progressé depuis 3 semaines, depuis la Montagn’hard. Merci Michel pour tes plans d’entraînement et de m’avoir permis de dépasser mon ancien niveau.

 

Samedi 27 Juillet 2013

 

Après une reprise de l’entraînement au mois de novembre 2012 (un an sans entraînement), il a fallu faire un travail de remise en forme en automne, hiver et printemps (foncier, vitesse… ) basé sur la course à pied (dans la neige), le vélo, le ski de fond, le ski de randonnée.

La saison des trails débute fin avril par un trail court puis j’enchaîne par des trails plus long. A partir de fin avril, les entraînements sont essentiellement de la course à pied, de la course en montagne et de la randonnée. A cela j’ajoute un travail de proprioception et d’étirements tous les jours.

 

Ultra-tour du Môle (35km, 2500m+)

Dimanche 28 avril, je suis enfin au départ d’un trail après un an de blessure, un an de galère où je me suis demandée si je pourrais à nouveau recourir en montagne.

Finalement avec de la persévérance, beaucoup de volonté, j’ai repris l’entraînement depuis fin novembre.

Cette première course est pour moi un test de forme : pour voir si je suis capable de tenir la distance, si je sais encore descendre, si je sais encore m’alimenter correctement, un test mental aussi. Je n’ai pas couru en montagne depuis fin septembre 2011, même en entraînement. La neige est encore bien présente sur les sommets alpins donc je n’ai pas pû m’entraîner comme j’aurai aimé : rando-course, randonnées…Les conditions météo ne sont pas terribles, assez froides pour la saison, du brouillard, des chemins qui risquent d’être boueux.

C’est donc avec un peu d’appréhension que je prends le départ de la course, le tour du môle, Fuji-Yama de la vallée de l’Arve, 35km et 3000m de dénivelé positif et négatif.

Je démarre tranquillement sur la route goudronnée en faux plat montant puis petite descente dans les bois et la course démarre réellement quand la pente s’accentue. Une première montée de quasiment 1000m de dénivelé positif m’attend, un peu de neige sur la fin de la montée. Grosse récompense, après avoir été dans le brouillard dans les bois, arrivée sur le plateau d’Ossat, découverte du mont-Blanc et même un peu de soleil. Panorama superbe sur la chaîne du Mont-Blanc, le Bargy mais juste les sommets le reste est dans les nuages, la brume. Les jambes sont déjà lourdes, je sens le manque d’entraînement et j’ai du mal à relancer après la côte.

Suit une descente dans la neige et dans les bois de 1000m de dénivelé négatif, avant d’atteindre le ravito à la Tour. Je me fais doubler par quelques hommes mais je suis bien, un peu mal à la cheville sur la descente mais en forme quand même. Après avoir rempli le camel-bag et mangé quelques fruits secs, c’est reparti pour une montée dans les bois, petit sentier comme je les aime. C’est très humide donc ça fait un peu froid. J’avance à bonne allure pour me réchauffer. Une petite descente et c’est reparti pour 1000m de montée dans les bois, au départ, pour ensuite en sortir et avoir un joli panorama.

Dans les bois, je commence à avoir froid, je me couvre avec le coupe-vent, j’ai déjà les gants sur moi. Avec ce froid, je tombe en hypoglycémie, impossible d’avancer, je titube sur le chemin les jambes ne me portent plus. Je m’arrête sur le sentier et mange sucré (un gel pour apporter tout de suite de l’énergie) puis du salé (noix de cajou et tuc) et enfin un nougat. C’est reparti lentement puis plus vite. Je redouble quelques coureurs qui m’ont dépassé pendant mon arrêt. Sortie des bois, on arrive sur le petit Môle, un joli panorama, toujours que les sommets alentours en vue. Petit sentier dans la neige puis une traversée dans la boue et enfin la dernière descente de 1000m de dénivelé dans les bois.

Descente au départ très raide dans la neige, donc descente en glissade puis dans les bois, le chemin est bien gras mais sur le milieu de la descente, je retrouve enfin mes sensations et je commence à doubler du monde, à me sentir bien au niveau de ma foulée et à pouvoir anticiper les obstacles, pas mal au pied. Me voilà rassuré pour la suite de la saison.

Je fini la course au sprint dans la descente et sur la route, je finis en 5h55’25’’, 5ème sénior sur 9. Le temps n’est pas terrible mais j’ai réussi ma rentrée, avec le peu d’entraînement de montagne que j’avais et les incertitudes au départ, je suis contente. J’ai encore besoin d’entraînement de vitesse et notamment pour travailler les relances. En montée ça va bien, en descente ça commence à aller mieux et j’ai dépassé mon ancien niveau mais par contre les relances étaient très difficiles et les jambes étaient lourdes.

Alors au boulot !!

 

 

La Gypaète ( 73km, 4200m+)

 

 

Le samedi 1er juin, à 5h30, je prends le départ de mon premier trail long de la saison : le trail de la Gypaète, un parcours magnifique. Un trail que j’attends depuis 2 ans car il m’a toujours porté malchance. La première année, abandon au km 18 car malade, la deuxième année, je n’ai pas pris le départ car la mononucléose a eu raison de moi. Mais, cette année, la météo n’est pas de la partie et dès le départ la pluie est battante. En 5 min, nous sommes trempés, pas grave il ne fait pas trop froid. Après 4km de bitume et de plat pour s’échauffer, la partie commence. Nous démarrons la grimpette dans les bois de Scionzier pour monter jusque Romme sur Cluses à 1300m d’altitude. La grimpée est rude avec un gros dénivelé 900m+ et des portions très raide. Je suis en bonne forme et heureusement car c’est assez difficile. A la raideur s’ajoute la boue qui ne facilite pas la tâche. On avance d’un pas, on recule d’un demi. C’est épuisant de piétiner dans la boue, de se raccrocher aux arbustes pour ne pas glisser en arrière. Certains passages se feront en s’appuyant uniquement sur les bâtons, car les jambes ne tiennent pas sur la pente raide. Je réussi à glisser en arrière et à m’étaler sur le côté gauche. Ça y est je suis propre !

Arrivée au dessus de Romme, il faut attaquer une légère descente en devers dans un parc, l’herbe est bien trempée, boueuse également et c’est à nouveau une gamelle. Du coup, je suis plus prudente pour la suite. 1er ravito à Romme, un verre de Coca, 2 abricots secs et c’est reparti pour la première descente, sur le Reposoir.

Je fais doucement en descente car ça glisse énormément. Je double 2 trailers qui ont perdu leur chaussures dans la gadoue (on se croirait dans les cross d’hiver), je descends piam piam, j’ai pas envie de m’en mettre une. Certaines portions se feront même en marchant car ça glisse de trop, dès que je veux trottiner je pars en glissade n’importe comment.

Je réussi à tomber en plein dans la boue, les mains, le pantalon, les bâtons, tout est tapissé de boue. Je ne peux plus boire, ni manger sans m’en mettre partout. J’arrive au reposoir en 2h47min (j’ai fait 500m de dénivelé en plus et je mets quasi 15min de moins qu’il y a 3 ans). La forme est là. Avant de pouvoir se ravitailler, je me débarbouille les mains. Ensuite un thé bien chaud, quelques fruits secs et c’est reparti pour la seconde montée vers la Forclaz, portion annoncée avec de la neige. On démarre sur la route du col de la Colombière puis on prend un chemin vers les alpages. Je ne suis pas seule et je discute un peu avec des coureurs de Thonon et du SPAC. Ça fait du bien d’être accompagnée et de ne pas évoluer seule toute la course. On attrape vite le brouillard et la neige. Une impression de glacière avec la neige apparaît. Le froid remonte du sol. J’arrive à me réchauffer en montant mais je tombe vite en hypoglycémie, vite un gel et des noix de cajou pour le sel. En haut, on atteint la Forclaz puis on descend à travers les alpages dans l’herbe et sur les chemins 4x4 pour ensuite traverser la route du col de la Colombière et reprendre un chemin 4x4 en contrebas de la route. On laisse le chemin pour évoluer dans les alpages qui sont détrempés puisqu’il pleut depuis un mois. Il y a de la neige, de la neige fondue, des ruisseaux tellement gonflés qu’il faut mettre les pieds dedans, les ruisseaux dévalent du col et on n’a pas d’autre choix par moment que de marcher dedans : cryothérapie garantie ! J’ai de nouveau un coup de pompe, je mange en marchant, le moral baisse un peu mais je me botte le derrière. Et finalement, le gel, la pâte de fruit fait son effet et je réussi à rattraper les trailers devant qui m’ont laché. J’arrive au col de la Colombière, qui est dans le brouillard, en 4h40. Je suis bien en avance sur les temps prévus, donc ça remonte le moral.

J’attaque la descente vers le Chinaillon, d’abord sur la route puis ensuite sur les chemins d’alpage que je connais bien. Et le Chinaillon arrive rapidement au loin avec ses chalets. Je vois le départ du 29km, et j’arrive au ravitaillement. Je me prends 10 minutes pour remplir la poche à eau, boire une soupe, manger du salé, du sucré. Je repars, pas pour longtemps car en sortant du Chinaillon j’ai froid donc nouvel arrêt pour mettre la polaire technique à manche longue, le bonnet et les gants. Cette fois-ci c’est reparti pour un bout de route puis des sentiers sympa dans les bois. Les sentiers sont encore plus boueux car la course du 42 et du 29 sont passés par là. Je rattrape quelques personnes du 29km dans les bois, on arrive dans la neige et dans le brouillard à nouveau, ça continue de pleuvoir. Et c’est parti pour une descente dans la neige (« passage difficile » comme indiquée sur la pancarte), je la descends en ramasse puis on arrive vers les chalets de Mayse où le sentier longe un torrent puis le traverse (pauvre bénévole qui a les pieds dans la neige !) et on fait une longue traversée en devers boueuse. Il ne faut pas glisser à ce moment, sinon on se retrouve en bas. Je double quelques coureurs qui ne sont pas du tout à l’aise (même si je ne fais pas la folle non plus). Puis on remonte dans un sentier boueux, pierreux avec des câbles, nouveau coup de bambou. Obligé de s’arrêter pour manger car les jambes flageolent. Et c’est reparti pour la dernière bosse avant une bonne descente. La descente sera scabreuse avec un pré herbeux, glissant. Je quitte le sentier pour faire mes propres traces mais je me prends 2 gadins quand même puis je vais chercher la neige pour descendre en ramasse. Encore un gadin et nous atteignons la route qui permet de se reposer un peu (vigilance, cheville…). Mais finalement, trop de route pour moi car je commence à avoir mal au pied (le chirurgien avait dit plus de bitume et bein même 3km ça ne va pas) et nous rattrapons un sentier à travers bois pour monter au col de Cenise. Je sens un coup de fatigue, j’ai envie de dormir, entre la bruine, la pluie et le froid pas étonnant. Nous passons dans les alpages au milieu des vaches, où nous enjambons leur cloture. Je commence à nouveau à avoir froid, il y a le vent qui se lève et avec les vêtements trempés, ça refroidit vite. Nous reprenons un chemin 4x4, j’espère arriver bientôt au Col de Cenise. Nous voyons une auberge et je me dis enfin mais finalement ce n’est pas le ravitaillement, juste le point de contrôle. J’arrive en 8h53 (13min de plus que ce que j’avais prévue, le froid a raison de moi, je n’arrive plus à avancer aussi vite).

Je m’arrête 2 minutes au chaud pour m’asseoir, pour manger un peu et pour remplir la poche à eau qui est à sec. Je repars, frigorifiée. J’espère qu’en marchant et en courant ça va réchauffer surtout qu’on monte encore un peu. J’arrive de moins en moins à courir en ayant froid. On arrive enfin au plateau de Cenise dans un vent, le brouillard et les pieds dans la neige. J’ai une impression d’être dans un congélateur ! Le froid de la neige remonte du sol, on doit courir dans la neige à moitié fondue (donc de l’eau à 0°c), c’est le désert. Je me refroidis de plus en plus et sur le plat du plateau, je n’arrive plus à courir. Je suis en tétanie (jambes et le haut), je tremble de partout. Il fait 2-3°c avec du vent. Je pense à me poser là, à m’envelopper dans ma couverture de survie et à attendre, mais c’est ridicule !!!! Donc je continue, finalement, je n’arriverais pas à me réchauffer. J’arrive au ravito en pleurs, tellement je suis gelée. Je ne sens plus du tout mes pieds, des blocs de bêtons, mes mains sont gelées aussi et je tremble comme une feuille. Je bois plusieurs thés et décide d’abandonner car je ne me sens plus capable de me réchauffer, surtout qu’il y a encore une bonne montée et j’ai peur qu’elle soit dans le vent.

J’arrête donc ma course au km 48 (3200m+, 2200m-) après 9h30 d’effort. Finalement, pas de regret car durant toute la soirée je grelotterai. C’est seulement le lendemain matin que je me réchaufferai, les doigts de pied étaient tout blanc encore 2h après la fin de la course. Bilan positif tout de même puisque j’ai jamais couru aussi vite alors que le terrain était difficile, j’ai réussi à faire mes relances, à courir quand c’était nécessaire, à bien monter. Ça était un bon entraînement. Je ferai plus attention aussi aux vêtements de rechange quand il y a pareil météo.

 

 

Cross du Mont Blanc (25km, 1450m+, 474m-)

Samedi 29 juin, debout à 5h30 pour le petit déjeuner, la promenade des chiens et en voiture direction Chamonix, pour récupérer le dossard et courir sur les balcons du Mont Blanc.

7h30, je récupère mon dossard et il commence à pleuvoir. J’étais habillée en corsaire, finalement je me change et ce sera en collant que je courrais, T-shirt sous le coupe-vent imperméable.

7h50, échauffement. L’un des rares échauffements que je fais en trail car sur ce parcours, ça part vite (c’est un trail court), c’est plat donc il faut être échauffé.

8h30 : départ du cross, ça part trop vite pour moi. Je perds tout de suite les deux compagnons de course, mon conjoint et un copain. Commence donc les premiers km de plats, sur les pistes de ski de fond, je reconnais bien le parcours. Ça m’aide à supporter cette portion, la plus dur pour moi. Décidément, je n’aime vraiment plus courir vite. J’attends qu’une chose, que ça monte. Heureusement, magnifique paysage sur le massif du Mont Blanc. Le passage dans les bois pour arriver à Argentière puis Montroc est long. Comme à chaque fois, je me dit « Pourquoi je me suis inscrite à cette course, qui ne me convient pas ?! ça va trop vite». Arrivée au 1er ravitaillement, Tré le Champ, je regarde ma montre (1h30), 1min de retard sur le temps que je veux faire. Je prends vite fait des abricots secs, 2 quartiers d’orange, remplis la poche à eau (il pleut mais je m’hydrate quand même) et c’est reparti (moins de 2min au ravito). Je pointe à la 442ème place. J’ai déjà couru 13km et 500m+

Enfin, arrive la portion que je préfère, les 12km de montée, de relance. Je vais enfin pouvoir gagner des places. La seconde partie du parcours se fait dans les bois au départ, en montant ou en faux-plats montant (là il faut courir), les relances se font bien et je double du monde. Dernière portion très raide avant le ravitaillement de la Flégère, on sort des bois et on est exposé au vent, glacial et on est trempé. Je mets les gants et le bonnet qui était dans les poches de mon coupe-vent (j’avais prévu le coup). Je gagne des places dans la montée raide et arrive à la Flégère à la 390ème position (2h33). Je suis en pleine forme, un peu euphorique quand je vois que je suis dans les temps pour battre mon record et pour atteindre le temps que je m’étais fixée. Je repars vite sans remplir la poche à eau, en mangeant du chocolat et des fruits secs. Il reste 5km et encore du dénivelé. Après un passage délicat dans les escaliers, commence une longue traversée pour atteindre Plampraz, l’arrivée. Il faut courir quasiment tout le long. Une dernière descente puis commence la longue montée, sur les pistes de ski. On entend le speaker, à l’arrivée, mais on ne le voit pas, car l’arrivée est dans le brouillard. Je me force à accélérer, en marche rapide, et à l’arrivée, j’accélère encore pour aller chercher 2 féminines qui sont juste devant. Je franchis la ligne d’arrivée après 3h14’50’’. Je voulais faire 3h15, mais sans trop y croire, car c’est une course qui est difficile, où il faut courir une bonne partie de la course et relancer après des portions raides. Je préfère les parcours avec de longue portion de montée puis des descentes techniques et raides. Je bats mon record datant de 2009 (époque où je m’entraînais pour des trails courts) de 12min. Je finis 375ème au scratch sur 1351 arrivants, 47ème femme sur 457, 35ème sénior sur 279. Je finis la course frigorifiée, il fait 3°C à l’arrivée avec du vent (donc ressenti proche de 0°C fin juin !!). Je ne sens plus mes doigts et tremble de partout. Mes 2 compagnons de course m’attendent au chaud. Ils ont mis 8 min de moins que moi. Bravo à eux.

L’objectif est rempli. Les entraînements payent, la forme est bien revenue. C’est bien pour la suite de la saison. Merci Michel pour tes plans d’entraînement. Je n’y croyais pas que je pourrais battre ce record, un jour.

 

La Montagn’hard 60(60km et 5000m +)

Une semaine après le cross du Mont-Blanc, j’accroche à nouveau un dossard pour un trail long. Cette fois-ci, il fait beau et chaud.

Le départ est donné à 7h et c’est parti pour une première montée sur les pistes de ski avec les dômes de Miage dans le dos (magnifique !). Je suis partie prudemment (la route est longue). Je me sens tout de suite bien et commence à doubler du monde (c’est peut-être risqué pour la suite, mais je ne suis pas à mon allure). J’arrive au premier ravitaillement en 93ème position (sur 231 partants). J’ai 50minutes d’avance sur le temps prévu ! Une soupe avec des pâtes vite avalée, du chocolat et c’est parti pour une longue montée, 900m de dénivelé, qui nous mène au Prarion dominant la vallée de Chamonix avec une vue exceptionnelle sur le massif du Mont-Blanc. Je continue à doubler du monde puis arrive la portion plate à courir et la descente pour atteindre le village de Bionnassay (il y a 2 ans, j’avais abandonné à cause d’une entorse à la cheville dans cette descente). Ravitaillement, je me dépêche, j’ai doublé une femme et je ne veux pas qu’elle me reprenne. Je suis 71ème . J’ai une heure d’avance sur le temps prévu. Le chemin va être long avant le prochain ravitaillement : une portion à courir (plat, faux-plat), la montée au col du tricot avec 2-3 névés à passer, la descente raide du col du Tricot. Mais mon conjoint m’attend dans la montée du col, ça donne des ailes. Toujours en pleine forme, je monte à 700-800m de dénivelé par heure (un marcheur moyen monte à 300m/h). On m’annonce 3ème femme (finalement j’étais 6ème à ce point du parcours), je commence à doubler les derniers du grand parcours (le 100km). Ils sont partis 2 heures plus tôt que nous. Au loin, j’aperçois mon chéri et mes 2 chiennes sur un névé. La plus jeune, arrive en courant et me saute dessus (quel accueil). Nous montons ensemble la fin du col du Tricot, au revoir et je pars pour une belle descente de 600m de dénivelé. Je croise 2 copains mais vite je repars.

Ravitaillement à Miage, en dessous du glacier du même nom : de l’eau pétillante, du chocolat, des tucs et c’est reparti en courant, avec le sourire. Il fait beau, le paysage est magnifique et je suis en pleine forme. Je suis 47ème et j’ai une heure 20min d’avance sur mon programme. Ça fait 5h 52 que je cours. Je double des hommes qui s’énervent « elle arrive encore à courir ». S’ensuit une montée au chalet du Truc de 200m de dénivelé et une descente quasiment jusqu’aux Contamines-Montjoie. Je reprends encore des places. S’ensuit une longue montée pour arriver au refuge de Tré la Tête, ça monte tout doucement donc il y a de la distance et surtout il n’y a pas d’ombres. Nous sommes en plein soleil à 2h de l’après-midi. Il fait donc très chaud, pas de problème, je bois pas mal. Mais le refuge n’est toujours pas en vue qu’il faut restreindre l’eau car je suis presqu’à sec ! Aïe aïe, j’ai un passage à vide car j’ai soif et ne peux pas boire autant qu’il faudrait. Je ne transpire plus, puis ensuite j’ai la chair de poule et je sens que je suis au bord des crampes ! J’arrive au refuge, je remplis la poche à eau, me refroidis la tête en mettant la casquette dans le bac, je m’assois 5min puis je repars. Malgré le passage à vide, j’ai encore gagné du temps sur mon programme, j’ai 1h40 d’avance. Je pointe à la 41ème place. La descente est longue et technique avec des pierres partout, le sentier est un peu mouillé avec les petits ruisseaux. Je double un homme qui m’avait doublé pendant mon passage à vide et nous décidons de continuer ensemble car il y a un passage qui va être long, les 5km de plats en plein cagnard. C’est toujours plus facile de tenir à 2. Nous arrivons donc sur le chemin du tour du Mont Blanc au chalet de Nant Borrant, puis sur le chemin des romains et enfin à Notre Dame de la Gorge (je passerai par là pour l’UTMB mais dans l’autre sens). Et c’est parti pour 3km de course pour relier Notre Dame de la Gorge aux Contamines. Quel joie quand on entend le speaker, c’est dur de courir sous cette chaleur après 53km de course !! Je suis 39ème et j’ai 1h45 d’avance. Après un remplissage des gourdes, une bonne soupe avec des pâtes, du jambon sec et du chocolat, on repart pour la dernière montée (800m de dénivelé). Dur pour moi car j’ai encore les jambes mais ma déshydratation dans la montée de Tré la Tête me cause maintenant des crampes dans la montée. Je reçois un sms de mon papa qui suivait la course sur Internet : « Super course dans les 40 premiers, 2 sénior. Continue ». ça m’a redonné un coup de fouet, un bon coup au moral. Je ne pensais pas être si bien classé. Je m’accroche !Je ne peux plus monter qu’à 500m/h sinon le quadriceps se contracte. Je pense même à monter en marche arrière. Cette montée est interminable, avec des morceaux de plat et ça redescend (argh !!) et ça remonte. Enfin, j’aperçois au loin la bifurcation entre le trail de 100km et le nôtre. C’est presque terminé ! En haut de la montée, je rattrape une femme (vétérane). J’accélère donc dans la descente (pas de crampe en descente) et nous terminons main dans la main avec la personne que j’ai rattrapé dans la descente de Tré la Tête (un Mosellan !). Je termine en 11h47, contrat rempli pour moi puisque je voulais mettre 14h (ce que je valais il y a 2 ans). J’ai jamais fait un trail aussi dur (de longues montées et descentes techniques) mais j’ai jamais aussi bien couru et le moral était très bon car j’ai sans cesse doublé du monde. C’était ma course, je me suis vraiment bien senti, pas mal aux jambes. Je termine 35ème au scratch sur 166 (231partants), 5ème femme sur 24 (27 partantes) et 2ème sénior sur 7. Je suis vraiment contente de ma course, malgré les 2 coups durs (déshydratation et crampes). Cette perf me rassure pour la suite de la saison et me donne envie de continuer !! D’autant plus que mes proches : mon chéri et mes parents sont derrière moi. Merci à eux et aussi à Michel. Vivement l’UTMB !!

 

Mercredi 2 Janvier 2013

 

Après quasiment un an sans course à pied (de novembre 2011 à octobre 2012), mes pieds vont mieux. Tout a commencé juste après la TDS, TDS qui s’était déjà terminée avec un mal de pied qui m’empêchait d’accélérer sur les 8derniers km et qui m’a fait souffrir pendant 60km. Le mal de pied s’est accentué, une entorse de la cheville un mois après la course (fin septembre) n’a rien arrangé puis tout s’est accéléré. Mal aux pieds pendant les entraînements, et impossible de faire du ski . Impossible de rester debout plus d’une heure d’affilée, sous peine d’avoir les orteils complètement endoloris puis une brulure lancinante sous les orteils.

Résultat : opération de l’hallux valgus (l’oignon) du pied droit car la bursite intermétatarsienne (inflammation entre le 3ème et 4ème orteil) est la conséquence de cet hallux valgus.

2 mois de repos puis reprise très douce du vélo d’appart et de la randonnée (petite) au mois de juin. Malheureusement la reprise sera de courte durée car le pied gauche me provoque les mêmes douleurs (insensibilisation des orteils et brulure).

L’IRM sera sans appel : bursite intermétatarsienne 5 fois plus grosse que pour l’autre pied ! Le médecin du sport ne me laisse pas le choix c’est l’opération, rapidement si je veux être sur pied pour les compétitions de 2013. 2ème opération en septembre 2012 où le chirurgien m’enlève la bursite et un névrome de Morton.

Depuis fin octobre,  j’ai repris les entraînements progressivement (de 2-3 séances à 4-5 par semaine). Tout d’abord en vélo puis randonnée et enfin ski et course à pied. (ci-contre, la première grosse randonnée, un mois et demi après la deuxième opération. Une première victoire !)

 

Ces 2 opérations m’ont permis de réfléchir sur ma pratique. Désormais, je m’entraîne différemment. Je ne pratique pas que la course à pied mais aussi le ski de fond (qui est l’un des sport qui se rapproche le plus du trail), ski de randonnée et vélo d’appartement en hiver (je garde une séance de course à pied en hiver, dans la neige). En été, je vais alterner des séances de vélo de route, de randonnée et de course à pied. Je fais des étirements tous les jours, même s’il n’y a pas d’entraînement et de la proprioception. Les grosses compétitions sont limitées à une par mois à partir de mai (finalement, pas de trail blanc de prévu mais nous, Michel et moi, avons décidé de privilégier  l’entraînement). Finalement, en 2 mois, j’ai retrouvé une bonne partie de mon endurance et de la puissance. Il y a encore beaucoup de travail mais je vois déjà de bon progrès. Ces blessures m’ont amené à réfléchir sur ma pratique d’avant mais également m’ont rendue encore plus forte mentalement. La motivation est très forte et l’envie de courir en montagne encore plus importante. Je pense maintenant à l’UTMB (Ultra-Trail du Mont-Blanc), l’objectif de la saison 2013. Maintenant, que l’inscription est faite, je ne peux plus reculer, je n’ai plus qu’à m’entraîner, progresser et faire attention aux blessures. Les trails sont déjà quasiment programmés : trails courts pour travailler la vitesse, kilomètre verticaux pour travailler la puissance et la résistance, trails longs pour travailler l’endurance et pour faire les derniers réglages au niveau alimentation, matériels (sacs, vêtements…) et travailler la technique en descente. Il ne me reste déjà plus que 4 mois avant le premier trail et 8 mois avant l’UTMB. La période de convalescence a été très dure mentalement, physiquement mais enfin je tiens le bon bout...

Vendredi 26 août 2011 : Sur les Traces des Ducs de Savoie

3h30 : ça y est je suis réveillée. Je tourne dans le lit. Je suis excitée, j’ai peur de rater le réveil.

4h45 : debout ! Je prends mon petit déjeuner : pain grillé, beurre, miel et thé. Je remplis ma poche à eau et prend la route pour aller à Chamonix.

6h15 : J’arrive à Chamonix. Le jour se lève sur l’aiguille du midi. Il fait beau et le paysage est magnifique. J’arrive au stand bus et fais la queue pour prendre le bus de 6h45. Je fais la connaissance d’un traileur local, Jean-Claude, bien sympathique.

7h : départ du bus pour Courmayeur par le tunnel du Mont-Blanc. Après 30min de bus, on arrive en Italie. Le Mont-Blanc est couvert mais il fait beau.

En attendant le départ, je mange un petit pain au raisin, prépare mes pieds. On me demande de poser pour des photos pour le livre officiel de la course : Merci Lionel et Jean-Claude (connaissant les organisateurs, ils me demandent de participer aux photos puisqu’il fallait une féminine).

 

8h30 : on se met sur la ligne de départ. J’observe la montagne et voit le premier ravito : le col Chécrouit.

 

9h : ça y est c’est le départ. Bonne course à tous. C’est parti pour une journée, une nuit de course en montagne. Je démarre lentement, la route est longue !

10h15 : Premier point de contrôle et le col Chécrouit. J’ai 30min d’avance sur mes prévisions. 568ème

Pour cette 1ère partie du parcours, nous avons grimpé sur les pistes de ski de Dolonne, à la file indienne. Je me dépêche de partir du ravito, il y a trop de monde. Je remplis juste ma poche à eau et bois un verre de Coca.

C’est parti pour le 2ème col : le col de la Youlaz culminant à 2660m. ça grimpe raide et le chemin se rétrécissant, ça bouchonne dans le schiste ! Des trailers pressés (il ne faut pas perdre une minute sur 20-30h de course !!) coupent le chemin, font rouler des pierres dont une qui atterrit sur mon mollet. Plus de peur que de mal, juste un bleu ! En attendant patiemment pendant le bouchon, je sors l’appareil photo pour prendre la montée raide et les glaciers.

 

11h42 : Col de la Youlaz (660ème). J’ai perdu des places mais la route est encore longue. Un petit arrêt pour serrer les lacets et c’est parti pour la descente jusque La Thuile à 1447m.  Il fait de plus en plus chaud au fur et à mesure que l’on descend. La descente est très sympa dans les alpages avec les vaches et leur cloche, sur des chemins puis en sentier balcon en plein cagnard. Et là, je suis à sec (les 2L d’eau ont été bus en 2h30). On voit la Thuile au loin, ouf plus que 10min environ et je vais pouvoir boire !

 

12h55 : La Thuile à 10min d’arrêt au ravitaillement pour faire le plein d’eau, boire une soupe, manger du fromage, du chocolat et une barre de céréales. Et c’est reparti pour la montée du col du Petit Saint Bernard et la frontière française. La montée sera dure pour moi. J’ai certainement eu un coup de chaud dans la descente de la Thuile en ne pouvant pas boire sur la fin. J’ai eu quelques soucis d’estomac dans la montée, impossible de manger, ni boire durant la montée. Il fait chaud et lourd !

 

 

La montée se fait en plein soleil, à cette altitude, pas de forêt (sauf au début de la montée). Heureusement, il y a des fontaines dans des petits hameaux, je plonge la casquette et la remet vite fait sur la tête. Arrivée quasiment en haut du col, sms de l’organisation à parcours dévié pour risque d’orage, le parcours fera 200m de dénivelé en moins mais 8km de plus. Nous passerons par des villages en fond de vallée pour rejoindre le Cormet de Roselend au lieu de passer au Passeur de Pralognan. Nous n’aurons pas de ravitaillement pendant 25km. Je suis rassurée car le ciel se couvre méchamment et passer à 2500m dans le schiste, avec rien au dessus de soi avec l’orage, c’est dangereux ! Bravo l’organisation. J’arrive au col du Petit Saint Bernard (14h50), je vais essayer de m’alimenter. En attendant Benjamin au ravitaillement, je me pose : mange ma soupe (elle passera bien, les problèmes d’estomac sont terminés pour le moment), prépare mes pieds. Et fait la connaissance d’un trailer, je ne le sais pas encore mais nous ferons un bon bout de chemin ensemble.

Ensuite, c’est parti pour 1700m de dénivelé négatif pour descendre jusque Bourg Saint-Maurice. Il fait 22°C au col, plus on descend, plus il fait chaud. Le ciel devient de plus en plus menaçant, il fait très lourd et quand on arrive dans Bourg Saint Maurice (17h08 et 660ème), il fait 34°C et il commence à pleuvoir (averse orageuse). On traverse un parc, je discute avec des trailers fort sympathique. Arrivée au ravitaillement, je remet de la crème sur les pieds, je discute un peu avec Benjamin puis je me ravitaille (soupe, chocolat, pain d’épice, saucisson, fromage, tuc). Je remplis la poche à eau (j’étais de nouveau à sec) puis après un contrôle des sacs, c’est reparti dans les rues de Bourg Saint Maurice. Il pleut un peu mais ça fait remonter la chaleur de la route ! J’ai 1h20 d’avance sur mon temps prévu. Je suis en forme.

 

 

Je repars en montagne pour un sentier assez sympa, il surplombe Bourg Saint Maurice, on voit aussi la station de ski des Arcs. La montée se passe bien, je la grimpe à bon rythme, double du monde. Je passe au pointage puis coup de pompe sur la route qui descend. J’attend le compagnon de course que j’ai rencontré au Col du Petit Saint Bernard. A partir de ce moment, on fera toute la course ensemble. On en profite pour discuter, doubler du monde dans la descente sur la route (beaucoup marchent déjà, c’est vrai la route c’est pas agréable). Nous, on trottine en mode récupération (après déjà 46km). Puis on arrive à la route qui va nous mener au Cormet de Roselend, c’est la route qui est connue par les cyclistes et malheureusement, il y a les bornes au bord de route. On sait désormais que nous avons 14km de route à monter avec 900m+ environ. Le moral en prend un coup ! Alors on discute, on accélère dans la montée (en marchant) puis petit à petit coup de moins bien : la route c’est long, les km n’avancent pas vite et les pieds commencent à chauffer. Ce sera la période de la course la plus difficile pour moi (je n’ai pas pensé abandonner mais j’ai été en larme, j’ai insulté cette route !)Dur dur. Arrivée pratiquement au village des Chapieux, nous faisons une pause pour s’habiller (le jour tombe), il commence à faire froid et nous mettons la frontale. Je suis à sec depuis 30min environ, mon compagnon de course Philippe me donne de l’eau. J’aurai bu 2litres et 750ml en 3h30. Aux chapieux, des enfants nous attendent avec des bouteilles d’eau, Jean-Claude (le compagnon de course rencontré dans le bus le matin, qui a abandonné) remplit mon camel bag. On allume la frontale et nous partons pour 3km de chemin avant de reprendre la fin de la route pour arriver au Cormet. Benjamin nous attend et finit la montée au Cormet avec nous. J’arrive au ravitaillement à 21h50 (prévu à 23h30).

J’ai décidé de prendre mon temps pour récupérer car la route a laissé des traces : des échauffements aux pieds et ampoules et un moral en baisse. Je prends donc mon temps pour manger (soupe aux vermicelles, chocolat, saucisson, pain, fromage, pain d’épice), je me change pour la nuit (collant, T-shirt sec, t-shirt à manche longue,…). Je repars avec Philippe au bout d’une heure de pause. Ça commence mal car dès les premiers pas j’ai mal aux ampoules ! Nous montons maintenant en pleine montagne, terrain très sauvage (la portion que je crains le plus. 5h sans voir de village, sans ravitaillements). Nous montons au col de la Sausse, avec du vent. Puis nous descendons vers la Sausse. Je m’arrête à l’abri d’un chalet de berger pour re-panser mes ampoules (elles ont éclaté). Et c’est reparti, maintenant pour les ampoules ce sera au mental car elles me font mal. Nous arrivons au fameux passage du curé, moins impressionnant de nuit et avec une impression de passer plus rapidement que de jour. Arrivé au hameau de la Gitte, les secouristes arrêtent les trailers qui sont épuisés car une fois passé ce hameau, il est interdit d’abandonner avant le col du Joly (soit 10km dans la montagne). Nous signalons aux secouristes une traileuse qui est épuisée, allongée juste 10min avant la gitte. Nous montons maintenant pour « entre deux nants », avec un vent violent qui nous pousse sur le côté. Il y a une tente avec des secouristes et là c’est l’hécatombe ! La tente est pleine de trailers en détresse, certains ont même un masque à oxygène. Nous continuons notre route. Je commence à avoir un coup de barre. Il est 1h du matin. Je lutte pour ne pas m’endormir debout, je parle à Philippe. Le coup de barre restera là pendant 30min environ. Puis nous arrivons au col de la Gitte avec un vent très fort, qui soulève mes bâtons, qui nous pousse. Nous descendons vers le col de la fenêtre. L’ambiance est très sympa.

 

 

En se retournant, on voit toutes les lucioles dans la montagne, devant nous aussi il y a plein de monde. On voit bien où le chemin nous emmène. Le coup de barre réapparaît dans la montée au col du Joly.

Nous devrons nous arrêter car Philippe a une petite hypoglycémie. On entend au loin la musique au col du Joly. C’est bien entraînant. Benjamin commence à s’inquiéter car nous sommes en retard sur notre timing alors que nous avions 30min d’avance au départ du Cormet de Roselend. Nous aurons eu quelques coup de pompe durant cette portion et nous avons fait le parti de ne pas courir en descente car le chemin était humide, glissant et très technique (beaucoup de pierres sur le chemin). Finalement, cela nous aidera à bien terminer la course, cela a permis aux cuisses de récupérer.

Arrivée enfin au col du Joly, le vent renverse les barrières de sécurité, c’est la tempête ! Il est 4h20 (524ème). Cela fait 19h20 de course et 88km de course. On se restaure rapidement (soupe, thé, gâteau) car il fait froid puis c’est reparti.

Nous partons vers les Contamines Montjoie, je sais que le sentier ne va pas être facile puis passée cette portion il devrait faire jour. C’est donc partie pour une portion de descente avec des racines, des pierres sur le chemin. De nuit, ce n’est pas évident. De plus, le terrain est toujours humide à cet endroit donc gare aux glissades et aux chutes. Nous arrivons à Notre Dame de la Gorge vers 6h. Il commence à faire jour. Nous entrons aux Contamines et Benjamin vient à notre rencontre. Apparemment, j’étais bien blanche, certainement la fatigue. Au ravito des Contamines (il est 6h30), je grelotte, pourtant il ne fait pas froid. Maintenant, je sais que je finirai la course, je suis fatiguée (je sens le coup de barre revenir) mais le mental est là, je n’ai pas encore trop mal aux jambes. En plus, je connais la fin du parcours. Après une soupe, du chocolat, des gâteaux, je repars pour la montée du Truc. Il me reste 24km. La montée du Truc sera très difficile pour moi, pas dans les jambes, j’ai encore du jus mais la fatigue va s’abattre sur moi. Je ne tiens plus debout, je titube, mes yeux se ferment tout seul ! J’essaye de parler à mon compagnon de route, Philippe mais rien n’y fait. Nous décidons donc de s’arrêter pour dormir 10min au Truc (le bord du chemin étant plein d’orties, il est impossible de s’arrêter sur le chemin). Au Truc, on s’arrête dans l’herbe, je me couvre et m’allonge. Finalement, je n’arriverai pas à dormir (l’excitation probablement) mais cette pause m’a fait le plus grand bien puisque je n’aurai plus de coup de pompe jusqu’à l’arrivée. C’est donc reparti pour une petite descente avant d’attaquer le col du Tricot (dernière difficulté de la course, 600m+). Je ne regrette pas ma pause car la descente est à nouveau plein de racines et de pierres sur le chemin. Dans l’état de fatigue dans lequel j’étais, je me serai pris les pieds dedans. Arrivée dans le vallon de Miage, je retrouve deux amis, Marine et Samuel. Ils feront la montée du col avec nous, nous l’avalerons en 1h15 environ. La montée se passera bien, on double même des trailers. Arrivée au col (9h40, 511ème), gros vent, nous redescendons immédiatement. Je n’arriverai pas à suivre Philippe. Je commence à avoir mal à un tendon du pied. Je descend tranquille, en trottinant. On arrive à la passerelle qui traverse le torrent de Bionnassay (dû à la fonte du glacier) puis on remonte vers Bellevue (arrêt du train du Nid d’Aigle). On double des randonneurs, quelques trailers. Je suis de nouveau à sec. Je n’ai plus d’eau et le ravitaillement est encore loin. Philippe me donnera un peu d’eau mais il me reste 1h environ sans boire. Il est 10h du matin, le soleil chauffe et moi j’ai soif. Arrivée à Bellevue, on nous donne un gobelet d’eau (ravitaillement improvisé par des bénévoles, merci à eux). Puis c’est la descente dans les bois jusqu’aux Houches. La crampe me guette (entre l’effort prolongé et le manque d’hydratation). Nous décidons avec Philippe, de nous arrêter très peu de temps aux Houches, nous voulons finir et ne plus perdre de place. Nous doublerons quelques trailers dans la descente, certains ne court plus. Et arrivée sur la route, on voit les Houches en contrebas, c’est super beau. Beaucoup de coureurs marchent sur le bitume, font la tête. Nous courons et continuons notre remontée de place. Nous sommes heureux et en pleine forme. Je profiterai du ravitaillement pour boire beaucoup, faire le plein de mon camel bag et retirer le collant de la nuit. Il fait maintenant très chaud. Nous sommes à 800m d’altitude, il est 12h (504ème). Il reste 8km avant l’arrivée. Nous repartons en courant et doublons encore du monde. Les 8km seront très longs car la chaleur est bien présente, le chemin est quasiment plat donc obligé de courir tout le long. Les pieds s’échauffent, les ampoules m’embêtent et mon tendon du 5ème métatarse me fait mal. Je me ferai doubler par 2 féminines sur la dernière portion, je ne peux plus accélérer à cause de cette douleur au pied. Je cours mais tout doux.

 

 

Arrivée dans les rues de Chamonix, on est applaudit, Benjamin m’attend dans une rue pour me donner le chien (qui a fait nuit blanche pour venir me voir), le maillot du club. Je n’arriverai pas à l’enfiler dans les rues avec les bâtons, la laisse du chien et mon sac. Nous arrivons sur la dernière ligne droite, Philippe me prend la main et nous terminons main dans la main avec le sourire. Je déploie mon maillot de club pour faire la photo à l’arrivée. Le speaker en profite pour citer mon nom et le club Athlé 55.

 

 

Ca y est j’ai terminé en 28h13. Je finis en forme et heureuse. L’émotion m’aura gagné dans les derniers 8km. J’étais au bord des larmes (de joie) car je savais que j’avais réussi mon challenge. Défi encore plus beau pour moi, car ma préparation a été très chaotique avec la mononucléose.

Bilan de ma TDS : 120km et 6900m+ parcouru en 28h13.

Place scratch : 498 sur 1181 au départ (781 arrivants)

Place féminine : 44ème sur 108 au départ

Place senior : 12ème sur 31 au départ (21 arrivantes)

 

 

J’ai terminé ma course avec des étoiles plein les yeux, des images plein la tête. J’étais encore dans ma course pendant une semaine, j’ai réalisé seulement après une semaine de ce que je venais de courir. Maintenant, je pense à l’année prochaine et j’attends avec impatience le début d’une nouvelle saison de trail au mois de mars, saison qui devrait se clôturer par l’UTMB (Ultra-trail du Mont-Blanc, 166km et 9600m+) si je suis tirée au sort.

J’ai bien récupéré, quasiment pas eu de courbatures, une sieste en rentrant le vendredi après-midi et une bonne nuit de sommeil m’ont permis de récupérer le manque de sommeil. Juste une petite tendinite au niveau du 5ème métatarse. Maintenant, je sais que ce genre de course me plaît bien de par la gestion de l’effort et de la nuit, la gestion de l’alimentation, de l’hydratation, les rencontres que l’on peut faire durant la course, l’ambiance qu’il y a sur le parcours et le fait d’être longtemps en montagne.

 

Je tenais à remercier mon compagnon Benjamin qui m’a soutenue durant ma préparation et ma course puisqu’il a fait une nuit blanche aussi pour me suivre sur tout le parcours en France. A ma famille (mes parents, Alexandre mon frère, ma belle-sœur Stéphanie, mon beau-frère, mes beaux parents, ma tante Dominique), ma meilleure amie Lucie, Alexandrine (mon « acupuncteuse » qui m’a aidée à récupérer lors de la mononucléose et a traité mes entorses), Eliane et Roger pour leur soutien sms durant la course. A Marine et Samuel qui sont venus faire une petite partie du parcours avec moi, c’était un bon soutien surtout sur la fin du parcours. A Michel pour la préparation des plans d’entraînement et pour ses conseils durant la préparation. Aux personnes du club (Gauthier et les autres) qui m’ont soutenue, qui ont suivi mes péripéties et qui ont attendu le compte-rendu (désolé pour le retard).

 

Jeudi 25 août J-2 avant la TDS: préparation de mon sac

Dans même plus 2 jours, je serai du côté italien sur la ligne de départ pour la TDS. Avant de prendre le départ, il faut aller chercher le dossard à Chamonix demain et faire pointer son sac à dos ainsi que faire vérifier le matériel obligatoire. Nous n'avons pas le droit d'échanger de sac durant la course (ça c'est surtout pour les pros) juste de nous faire assister sur les points de ravitaillements par un proche. Concernant notre sac, beaucoup de matériel obligatoire a été demandé (pour faire face aux conditions météo qui peuvent changer rapidement en montagne): 2 lampes frontales plus des piles, des gants imperméables, casquettes, bonnets, collants + surpantalon imperméable, réserve alimentaire, eau, gobelets (car il n'y a pas de gobelet jetable aux ravitos), téléphone portable (nous recevons des sms si la météo est menaçante  orage, pluie, froid...), couverture de survie, veste imperméable avec capuche, bande pour faire un strapping, vêtements chauds à manche longue. A cela, j'ai ajouté un baladeur (si je suis seule la nuit, quand je sens la fatigue venir!), de la crème anti-frottements, des pansements.

 

 

 Benjamin, mon compagnon, sera présent sur tous les ravitaillements en France, je pourrais donc ajouter des affaires chaudes ou me changer si je suis mouillée.

 

Maintenant, le sac est prêt. Il fera 5kg au départ avec une réserve d'eau de 2L.

Les derniers jours sont consacrés au repos (grasse matinée, sieste), bien manger et bien s'hydrater.

J'ai hâte d'être sur la ligne de départ! J'appréhende un peu de passer une bonne partie de la nuit seule, surtout que les descentes de nuit sont des passages assez délicats. Normalement, la météo sera plus clémente que l'année dernière. Il devrait faire chaud et orage en fin d'après-midi (ça c'est moins bien!).

A bientôt pour le compte-rendu détaillée de la course.

Merci encore à Michel pour ses plans d'entraînements.

 

Mercredi 10 et jeudi 11 août: J-14 avant la TDS

Ces deux journées ont été consacrées à la reconnaissance d'une partie du parcours de la TDS, les portions que je vais courir de nuit. Mercredi 10, reconnaissance col de la fenêtre-col du joly (km 79), descente à Notre-Dame de la Gorge (km 84). Le paysage est magnifique (vue sur le Mont-Blanc, sur le lac de la Girotte en Savoie). Le sentier est technique (pierres, racines), attention aux chevilles mais la descente n'est pas trop raide.

Voici quelques photos de la 1ère journée de reconnaissance ( le lac de la girotte vue du col Joly ;  Le mont-Blanc)

Jeudi 11, reconnaissance du passage du curé (km 66) au col est de la Gitte (km 73). Le passage du curé est impressionnant car il y a les gorges juste en dessous du chemin. Le chemin est en pierre et par endroit humide. De nuit, je vais "m'amuser" en descente. Après ce passage, la descente est plus facile. Je pourrais à nouveau courir. Puis, on arrive au hameau de la Gitte avec 4 maisons. Le sentier débute par un chemin tracée par les vaches puis il se perd et on monte dans les hautes herbes, on passe au-dessus de cloture à moutons (saut de haie). On monte "dré dans l'pentu" (droit dans la pente) car il n'y a plus de sentier, juste le balisage réfléchissant qui va nous guider. L'arrivée au col est magnifique et de là on voit le col du Joly qui n'est plus très loin.

Une reconnaissance très utile car maintenant je sais à quoi m'attendre (où je pourrais courir, où je dois être vigilante notamment pour les chevilles). Pour moi, c'est aussi nécessaire pour le mental. Je sais où j'en suis et s'il y a une baisse de moral ou de fatigue, je saurai quand est-ce que j'arrive aux ravitos.
Voici quelques photos de la 2ème journée de reconnaissance. ( Le hameau de la Gitte en direction du col;  le passage du curé, au col est de la Gitte). Voilà, ma préparation est terminée. Elle n'a pas été aussi suivie que j'aurai voulue mais avec les soucis de santé, je n'ai pas pû faire autrement. Je suis en forme et attends avec impatience le départ. En espérant que la météo soit meilleure que l'année dernière sinon la course risque d'être annulée car c'est un parcours beaucoup plus dangereux par temps humide. Il y a de nombreux passages risqués si les sentiers sont mouillés.
A bientôt pour le compte-rendu de la course

 

Dimanche 31 juillet J-25 avant la TDS: Dernier trail de préparation Le P'tit tour des Fiz

8h départ du P'tit tour des Fiz, un trail de 30km et 2500m de dénivelé positif et négatif. Pour moi, un trail d'entraînement pour les derniers réglages (ravitaillements perso, mes bâtons de marche, le sac, les chaussures). c'est un trail aussi que j'affectionne car il est magnifique : une vue sur le Mont-Blanc, des paysages très différents d'un vallon à un autre, des bénévoles très sympathiques qui ont toujours le sourire et un lieu que je connais bien car je viens souvent m'entraîner et randonner. Le p'tit tour des Fiz est un parcours sur les sentiers de randonnées qui se fait généralement en deux jours. Il traverse deux réserves naturelles : celle de Passy (vallée de Sallanches-Chamonix) et celle de Sixt fer à cheval (vallée de Samoens). Pour une fois, je n'étais pas seule au départ mais avec mon conjoint, Benjamin (supporter de mes longs trails). Nous avions pour objectif de faire le trail ensemble, sauf si Benjamin voulait passer devant. 

Au départ, les organisateurs demandent à toutes les femmes de se positionner devant les hommes sur la ligne de départ. Départ à 8h, quelque peu chahutée par certains hommes pressés de nous dépasser. Je démarre un peu vite sur le faux plat descendant et montant. Au bout de 15 min, nous voilà dans le vif du sujet une grande montée de 1200m en direction de Platé et le col de la Portette. Je pointe 10ème féminine en haut du col. Puis, c'est la longue descente vers le refuge de sales. Là, Benjamin me rejoint, nous décidons de faire la course ensemble. Malheureusement, Benjamin ne s'est pas alimenté correctement et a commencé à avoir des problèmes digestifs. Sans le voir, je suis partie devant lors de la montée suivante, montée qui nous amène au refuge d'Anterne. Je me retourne plus de Benjamin! J'attends, trottine pour qu'il me rejoigne et là m'annonce qu'il veut abandonner. Il reste 11km, il n'en est pas question. Je décide de terminer la course avec lui même si je ne suis pas à ma vitesse. L'important, c'est qu'il termine son deuxième trail. Pour moi, il s'agit d'un trail d'entraînement donc j'aurai couru la distance, fait mes derniers réglages. Pour la suite, dernière montée au lac d'Anterne et au col du même nom. Puis dernière descente avec un faux plat montant avant la ligne d'arrivée. Benjamin a terminé sa course avec la douleur de son estomac et mes encouragements à répétition. Nous terminons main dans la main en 5h47min dans la moitié du peloton. Je finis 24ème féminine sur 82. L'objectif de temps est atteint. Mon dernier entraînement en compétition s'est bien passé, j'ai pas trop entamé mes réserves et j'ai pû reprendre l'entraînement normalement dès mercredi. A ce jour (vendredi 05 août), il me reste plus qu'une grosse semaine d'entraînement avant de faire une petite période d'entraînement plus calme (footing, rando très cool, vélo).

Sur les traces des ducs de Savoie (TDS) le jeudi 25 août 2011 J-36:

Plus qu'un mois d'entraînement, environ, avant le départ de la TDS, un ultra-trail de 111km et 7100m de dénivelé +, la même chose en négatif. L'excitation augmente progressivement, l'envie de s'entraîner toujours plus aussi. Heureusement que Michel est là pour me faire entendre ce que je sais déjà: ne pas basculer dans le sur-entraînement!! Le départ est fixé à 9h du matin de Courmayeur. Après une longue montée en Italie puis une descente, je devrais passer la frontière au col du petit Saint-Bernard pour basculer à Bourg-Saint-Maurice. Ensuite, la partie la plus montagneuse et sauvage avec le passeur de Pralognan, le Cormet de Roselend, Le col de la Gitte (malheureusement, une bonne partie de ce tracé se fera de nuit). Enfin, arrivée aux Contamines-Montjoie pour grimper le Truc, le col du Tricot, Bellevue (où passe le train pr monter au nid d'aigle) et descente sur les Houches pour arriver à Chamonix, le vendredi 26 août. C'est sous les couleurs du club que je vais encore courir même si sur la liste d'inscrit je suis répertoriée en Haute-Savoie, mon lieu de domicile.

Qqes représentants meusiens seront présents sur l'UTMB ou la CCC mais je serai la seule sur la TDS.

Voici qqes photos de ma première reconnaissance du parcours (du col de la Forclaz au cormet de roselend : passage qui devrait se faire à la tombée de la nuit).

 

Merci à Michel pour ses plans d'entraînement et son soutien.

Voici le lien de la course: http://www.ultratrailmb.com/page/22/TDS.html et http://www.ultratrailmb.com/page/41/Parcours.html

A bientôt avec les photos de la course (s'il fait beau!)

 

La montée du nid d'aigle (17 juillet 2011)

C'est sous la pluie que je fais mon retour, en forme, sur une course de montagne. Après avoir perdu beaucoup de temps dans ma préparation (pour cause de mononucléose) pour l'ultra-trail de cet été, c'est avec grande envie que j'ai pris le départ au Fayet (St-Gervais). il s'agit d'une course de 19km et 2000m de dénivelé +, une longue montée qui aboutit au nid d'aigle, point de départ pour la voie normale du Mont-Blanc. La pluie était bien au rendez-vous (une impression de déjà vu!!même condition que la CCC l'été dernier) ainsi le parcours a été dévié pour nous éviter de nous perdre et pour éviter la neige. J'ai ainsi couru 18,5km et grimpé 1500m de dénivelé en 2h41'07''. Le classement est moyen puisque je finis 316ème sur 386. Mais très contente d'avoir terminé la course en pleine forme, d'avoir retrouvé mes sensations (perdue depuis avril) et après mes 4 séances d'entraînement dans la semaine!!

C'est une course très bien organisée et qui vaut le coup d'oeil quand il fait beau car il y a un magnifique panorama sur les glaciers tout le long du parcours

 

Ultra-Trail Courmayeur-Champex-Chamonix (Dimanche 27 Août 2010): 

Je ne viens plus très souvent au stade de Bar-le-Duc car j'ai migré en Haute-Savoie mais je reste fidèle au club et notamment aux entraîneurs puisque Michel me donne mes plans d'entraînement par mail ou par téléphone. Je m'entraîne donc surtout en nature et notamment en montagne puisque j'ai réussi à allier ma passion pour la course à pied et pour la randonnée.Mon gros projet de l'année est une course d'ultra trail (course de montagne) et je suis contente de courir pour les couleurs du club et ainsi de le représenter en Italie, en Suisse et enfin en France.

Le vendredi 27 août, je représentais donc l'Athlé 55 à Courmayeur au départ de la CCC (Courmayeur-Champex-Chamonix). C'est un trail de 98km et 5600m de dénivelé positif (la même chose en négatif), qui doit se courir en moins de 26h.
Malgré un petit manque d'entraînement cette saison pour raison d'entorse et de nombreux rhumes, j'étais fortement motivée pour finir cette course. Les pieds (ampules), la digestion, la fatigue (puisque l'on va courir pendant 24 à 26h environ), la chaleur ont joué un rôle important...
Mon premier ultra:
Ca y est, je suis baptisée dans le monde de l'ultra-trail, baptisée car une première mais aussi baptisée par l'eau qu'il a tombé lors de cette course. Le vendredi 27 août, je prenais le départ de la CCC (Courmayeur-Champex-Chamonix), une course de 98km et 5600m de dénivelé +. Je ne suis pas prête d'oublier ce premier ultra.
Tout commence, 6 jours avant la course, lors d'une dernière rando où je me fais une légère entorse de la cheville. Le doute a été présent jusqu'au départ voire pendant les 20 premiers km, puisque j'ai eu mal au début (j'ai même failli abandonner car impossible de courir sans une douleur à la cheville puis avec l'échauffement des 20 km, je n'ai plus rien ressenti).
 
Ensuite, je n'oublierai pas les conditions climatiques qui ont été désastreuses: On a eu de la pluie du départ (avec l'orage) jusqu'à la tête de la tronche (avec du vent aussi en altitude) donc en gros de 10h à 13h puis de la descente du Grand col Ferret jusqu'à la fin de course (à partir de 17h30). Donc, j'ai fait très attention dans les descentes pour ne pas abimer ma cheville déjà fragile et je suis rentrée sans bobo. J'ai donc couru pendant 13h sous la pluie et le vent. J'ai pu tout de même admirer le paysage entre la descente de la tête de la Tronche et le Grand col Ferret. Le paysage était magnifique mais malheureusement les éclaircies ont été de courtes durées et avec l'arrivée de la nuit, les conditions pour courir ont été plus difficiles : vent lors des montées, passage de torrent avec de l'eau jusqu'aux chevilles, descente en ramasse (glissade dans la boue). Malgré ces conditions, le moral était très bon car l'entraînement m'a permis d'être en pleine forme et donc je n'ai connu aucun coup de pompe. L'ambiance était très bonne également avec les autres coureurs.
Dans la montée de Bovine et de Catogne (en Suisse), on a eu le droit au bain de boue car la pluie descendait les chemins en emportant la terre et on avait à faire du saut d'obstacle quelques fois pour passer des flaques de boue qui étaient sur les chemins (voir marcher dedans qqe fois quand on n'avait pas le choix). A la montée de Catogne, je savais qu'il allait faire froid (nuit + vent) donc j'ai mis trois pull, mon K-Way, bonnet, gants mais malgré cela j'ai eu encore froid. Les bénévoles ont même fait un feu au ravitaillement et sur la descente de Vallorcine, j'ai fait du ski dans la boue tellement ça glissait!! J'ai jamais rencontré des conditions pareils avec le vent, la pluie, le froid et des chemins impraticables mais je suis vraiment heureuse de ne pas avoir abandonnée. 
Malheureusement, la course a été arrêtée pour tous les coureurs à Vallorcine à partir de 2h du matin car la dernière montée sur La Flégère (près de Chamonix) était trop dangereuse : les torrents sont sortis de leur lit et passaient par-dessus les ponts, il neigeait en haut et bcp de vent. Les coureurs qui sont passés avant l'arrêt de la course ont testé le parcours pour nous, il y a eu plusieurs blessés ainsi que des hypothermies et donc l'organisation a pris la décision de finir la course à Vallorcine. La ligne d'arrivée a donc été déplacée. J'ai donc fini ma course à 3h30 du matin.  J'étais très déçue que ça se termine comme ça car j'avais encore du jus pour terminer! Je savais que je pouvais terminer la course, le moral était très haut et physiquement ça allait encore. Dans la descente de Catogne à Vallorcine, je pensais déjà à la ligne d'arrivée (en gros il me restait 5h de course). Je savais qu'en passant le ravitaillement de Vallorcine, je finissais la course car en arrivant à 3h30, il me restait 7h30 de temps pour faire 17km (puisque la fin de la course, la barrière horaire maxi était à 12h) donc j'avais de la marge. Les jambes tenaient encore mais l'organisation a eu raison si la sécurité n'était plus présente. Je les remercie d'ailleurs pour cette sage décision
Seulement 450 coureurs ont passé la réelle ligne d'arrivée sur 2000 participants. 900 coureurs ont été arrêtés à Vollorcine (81km de course) et 450 à Trient (71km de course) et il y a eu bcp d'abandon à cause de la météo ainsi que bcp de blessés (entorse, chutes...).
 
J'ai donc fait 81km et 4600m de dénivelé +. Je finis 724ème au scratch, 63ème féminine sur 288 et dans ma catégorie 34ème sur 108. C'est donc une satisfaction pour moi, pour une première et je sais que j'ai encore une grosse marge de progression. J'ai été très contente de ma course car j'avais 1h30 d'avance sur mes prévisions en arrivant à Vallorcine avec une cheville qui m'a fait souffrir sur les 20 premiers km (des difficultés à courir) et des chemins difficiles d'où mes pertes de place à chaque descente!!
Pour pouvoir faire cet ultra-trail et arriver "presque" jusqu'au bout, il y a eu beaucoup d'entraînement surtout dans les derniers mois et ces entraînements, je les dois à Michel! Donc je le remercie fortement pour son soutien, le temps qu'il a consacré à mes plans d'entraînement, son suivi. Un gros gros merci donc à mon entraîneur. 
Je suis donc plus que motivée pour m'entraîner et préparer à nouveau cet objetif pour l'année prochaine. Je représenterai encore le club l'année prochaine puisque je reprend une licence.
Maintenant, la saison hivernale est plus reposante pour moi (jusque janvier) en travaillant le foncier puis préparation des trails blancs (trail sur neige) et enfin des gros trails de l'été.